Le Zeph, conteur patoisant et facétieux

Si Edmond DEVEMY n'est pas un enfant d'AUBRY et si l'on ne peut dire qui de lui ou de la commune a adopté l'autre, il a, sans conteste, apporté une contribution majeure à la notoriété de celle-ci.


Poète patoisant, merveilleux conteur d'histoires, digne successeur des poètes mineurs, tels que Jules Mousseron, qu'il rencontra étant jeune, le Zeph d'Aubry - c'était son nom à la scène - est né à Haveluy, en 1926.


Galibot à l'âge de seize ans, il quitta la mine pour s'installer à Aubry, dans les années soixante, en tant qu'artisan peintre.


Ses poèmes pourraient être classés au patrimoine de la commune, tant le Zeph savait dépeindre avec justesse et passion ce village auquel il s'était attaché et dans lequel il aimait à se rendre utile. Il fut le 1er Président du Comité des fêtes créé en 1965 dans la commune.

On lui doit sans doute quelques initiatives, comme celles du concours du vélo fleuri et l'élection de la reine du Marais qui eurent lieu en juillet et septembre 1965.

J'vous l'dis ...

J'vous l'dis : min 'tiot villache,      y' est vraimint biau ;

Tout c'qu'ej vous 'chi dit,             y'in a vraimint pas d'trop ;

Faut pas l'dire à tout l'monde,     in s'rot vite invahi.

Mais qu'y fait bon d'y vivre,         dins min villache d'Aubry.

Vous avez dit facétieux...

Mais ce sont aussi ses facéties qui ont contribué à sa célébrité.

La plus célèbre d'entre elle :
Edmond DEVEMY s'était donné pour tâche de repeindre le coq de l'église d'Aubry.
Il eut alors l'idée de transformer le gallinacé, aimable girouette, en un coq républicain, en peignant son cou en bleu, ses ailes en blanc et, bien sûr, la queue en rouge. Le maire d'Aubry, soucieux de ne pas soulever la vindicte populaire, lui demanda de revenir à la couleur d'origine, ce que le Zeph eu beaucoup de mal à admettre, fier de son coq aux couleurs du drapeau français.
Il trouva la solution en recouvrant le coq d'une poudre dorée diluée dans de l'essence. Le coq repris fièrement sa place en haut du clocher, éblouissant sous le soleil. Huit jours plus tard, par un bel orage et les averses qui suivirent, la peinture dorée, habit éphémère, disparut, révélant aux habitants étonnés ce coq républicain né de l'imaginaire de leur facétieux concitoyen.

Edmond DEVEMY s'est éteint le 14 mai 1987, mais le Zeph d'Aubry continue à errer dans les rues de la commune et peut-être, qu'un jour, vous le rencontrerez accoudé au comptoir du "Coq d'Aubry", le bistrot de la place, racontant l'une de ses histoires, ou encore, vous apercevrez, en levant la tête, de curieux reflets dans le plumage de notre coq :

n'ayez pos d'craintes, ch'est ch'ZEF qui blague !

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